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Poesia : de la Poésie, des textes libres
14 janvier 2011

ASPIRATIONS

L'expérience accumulée ne fait que renforcer la connaissance d'un mode de vie subi et inadéquat. Elle ne permet pas d'imaginer un moyen d'appréhender une existence radicalement différente, en accord avec un idéal fantasmé mais néanmoins essentiellement ignoré.

Qu'est-ce qui nous attire, nous fait envie ? Parmi ces aspirations, n'y en a-t-il pas qui sont artificielles, dont une composante essentielle repose sur des valeurs concurrentielles ? Celles-ci sont génératrices de frustrations. Doit-on alors abandonner de tels objectifs lorsque les hostilités demeurent fortes ? Car les conserver c'est risquer l'amertume, conséquence de déceptions grandissantes. Jeter l'éponge c'est accepter son sort, insatisfaisant par le fait même d'avoir eu ces envies.

Le salut pourrait provenir de plusieurs sources. L'une serait l'oubli. Cependant celui-ci ne se commande pas et ne saurait être définitif. Une autre serait l'acceptation complète. Mais qui y croit ? Une autre enfin, qui peut-être englobe les précédentes, serait le recours à d'autres désirs, dont l'exaucement comblerait le vide laissé par l'abandon des premiers.

Y a-t-il de hauts désirs et de bas désirs ? Sans doute. Peut-on remplacer de hauts désirs par une multitude de bas désirs ? Peut-être pas sans qu'un dégoût de soi-même ne naisse. Autrement dit, mieux vaut chercher à substituer un but inatteignable par d'autres que l'on estime suffisamment, tels ceux qui sourdement jalonnent notre vie.

Mais comment donner à ceux-ci une existence concrète ? Certains nécessiteraient un changement tellement radical de notre être profond ! Pour d'autres, aucun modèle provenant de l'expérience personnelle ne nous permet d'en imaginer la concrétisation. Pourtant à certains égards ces désirs-là, tellement abstraits, peuvent paraître synonymes d'idéal.

Faut-il prendre le risque, en abandonnant une vie insatisfaisante bien que construite et stable, de tenter des choses inédites ? Cela pourrait mener à une situation dramatique, c'est bien là ce que la peur de l'inconnu nous fait sentir. Le changement est toujours source d'inquiétude, et plus celui-ci est potentiellement profond, plus l'appréhension est grande. C'est le frein majeur à toute mutation.

Peu nombreux sont ceux qui osent. Parmi ceux-ci, combien réussissent le changement et y trouvent une paix intérieure ? Que fait la grande majorité formée des autres ? Baisse-t-elle la tête, gardant en elle ses désirs inassouvis ? Cela la rend certainement bien malheureuse.

Je m'interroge : les frustrations sont-elles un frein ou un moteur de l'existence ? Le rêveur persistant qui ne voit jamais son rêve concrétisé est-il plus heureux que celui qui a appris à se contenter de ce qu'il a en éliminant le désir de sa vie ? Le premier doit bien parfois envisager qu'il rêve l'impossible, le second lui ne peut sans doute pas affirmer éliminer tout désir.

Le malheur est-il une composante nécessairement présente de la vie ? Sans doute. La question reste de savoir comment le réduire. Et quelque chose me dit qu'une bonne partie des outils connus pour le faire ne sont pas les meilleurs possibles car ils ont pour source une artificialité provenant de la construction humaine d'une société elle-même source de malheurs. Substituer un mal par un autre n'est certainement pas une bonne solution, pourtant c'est souvent cela que l'on peut observer, tout simplement parce que personne ne sait vraiment faire autrement. Les constructions humaines semblent beaucoup trop complexes et rigides pour permettre au plus grand nombre l'insouciance à laquelle on pourrait vouloir aspirer. Si la source de son malheur réside dans la condition humaine, l'homme ne pouvant s'en extraire se voit contraint de souffrir.

Qui n'a jamais rêvé de sortir de sa condition humaine, carcan lourd et omniprésent ? Qui y réussit de son vivant ?

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15 janvier 2011

COCON

Avoir l'impression étrange d'être tout à la fois hors de la marche du temps mais intimement lié au monde.
Recevoir des signaux, musicaux, parfumés, mais comme à travers un filtre épais, derrière lequel tout est atténué et semble lointain, mais en même temps familier, amical.
La vision, elle, n'a plus d'importance, elle n'est que l'ombre d'une habitude et n'entraîne plus d'interprétation significative ; tout le reste est ignoré.
L'esprit se laisse porter par des pensées volatiles, se sent comme dans un cocon duquel il se tient prêt à l'éclosion, sans s'imaginer sous quelle forme ni même penser à la réalisation de cet événement.
Il y a ainsi quelque part une volonté de changement ; s'efforcer de se concentrer sur celle-ci.
L'image d'un animal se ramassant sur ses pattes avant de bondir se présente ; puis celle d'une tortue, évoluant à son rythme, se protégeant de son éternelle carapace.
Ces images sont des échos lointains d'une époque dont certains aspects ont perdu de leur éclat.
Il n'y a pas de nostalgie, mais seulement une volonté d'assimiler, pour le futur, une part endormie du passé au présent qui se montre fuyant.

12 mars 2011

DE L’USAGE DU SECOND DEGRÉ

Avez-vous déjà assisté en tant qu’observateur à une dispute entre deux personnes et vous êtes-vous demandé les raisons de cette dispute, et surtout de la mauvaise gestion de celle-ci par ses protagonistes ?
Il est fréquent de constater que les deux parties, y compris lorsqu’elles se connaissent très bien, ne parlent en fait pas le même langage.
Un mot mal compris par l’une, et la querelle démarre.
Et les deux s’entêtent à utiliser chacune ce mot sans se douter un instant que celui-ci n’a pas le même sens chez l’une que chez l’autre.
L’observateur, silencieux, assiste alors à ce qu’en théâtre on appelle le quiproquo, comprenant ce que veut dire l’une, et le trouvant fort juste, ainsi que ce que veut dire l’autre, qui est tout aussi juste, mais dans une interprétation différente des mots.
Le mal peut se propager assez vite, et la colère monter également rapidement entre les deux ignorantes de leur incompréhension mutuelle.
Le malheur est qu’il est rare de voir les protagonistes chercher à obtenir une définition commune du mot, du fait même qu’il ne traverse l’esprit d’aucun des deux que le vocabulaire utilisé par l’autre peut avoir un autre sens que celui se trouvant à cet instant précis chez l’une.

L’on assiste alors le plus souvent à un dialogue qui devient inconsistant.
À dire vrai, cela est valable de toute dispute, y compris d’une dispute ne provenant pas d’une incompréhension mutuelle.
Cette inconsistance provient évidemment du fait que l’esprit humain n’est absolument pas rationnel et que l’emportement entraîne une diminution d’une logique déjà toute relative.
Elle provient aussi de la faiblesse humaine de ne pas accepter facilement le tort que l’on peut avoir sur quelque sujet que ce soit qui tient à cœur.
Face à tout argument dont la raison permettrait de démontrer qu’il mène à une contradiction de nos propos et donc que nous avons fait une erreur, on peut avoir tendance à détourner brusquement, mais non sans subtilité, la discussion sur un terrain qui semble moins glissant.
Je parle de subtilité en ce sens que les deux parties acceptent implicitement ce changement dans le fil de la discussion, on pourrait même penser qu’aucune des deux ne se rend compte du glissement opéré.
Il n’est pas fréquent de voir demander de revenir au sujet initial, mais bien plus de voir se promener la dispute d’un sujet à un autre, éloignant les deux personnes d’un consensus sur le premier sujet.

Mais revenons au point évoqué au début de ce texte et tentons de l’expliquer.
Autrement dit, comment est-il possible que les mots puissent porter un sens différent ?
Évidemment, posée ainsi, la question peut recevoir une réponse évidente.
Il est en effet déjà visible dans tout dictionnaire que nombre de mots ont un ensemble définitions plus ou moins subtilement différentes les unes des autres.
Mais on peut se demander alors, dans une volonté d’approfondissement, s’il y a une raison à ce fait.
Mon opinion à ce propos, liée au sujet de ce texte et point important de son argumentaire, est la suivante.
En observant encore des personnes converser, en prêtant attention aux mots utilisés, on se rend compte d’une chose assez stupéfiante.

Il y a beaucoup de non-dits dans les conversations, ce qui présuppose de la part des interlocuteurs une connaissance externe à la discussion en cours, une culture commune.
Les non-dits ont une composante essentielle – mais non unique – dans un discours commun qui est ce que l’on appelle le second degré.
Cela implique le détournement de mots ayant un sens précis dans le but d’induire une pensée différente du sens initial à l’écoute de la phrase.
Toute personne étrangère culturellement à celle qui utilise du second degré se voit incapable de comprendre le sens qui est induit dans cette phrase détournée.
On pourrait penser qu’il n’est pas de même pour deux personnes très proches.
Or l’observation initiale signale en fait que cette affirmation est inexacte.

La raison que je propose est que l’utilisation du second degré est tellement généralisée que, bien qu’ayant pour but initial de simplifier les discussions en les raccourcissant, elle complexifie énormément le langage dans le sens où elle ajoute beaucoup de significations aux termes.
La difficulté est alors d’avoir la bonne interprétation des mots dans toutes les possibilités.
Or les non-dits, provenant du second degré ou tout simplement complètement non dits, se trouvent dans l’esprit même de la personne qui prononce ses mots et qui leur porte une intention, mais sont le plus souvent uniquement décryptés partiellement par les interlocuteurs.
Le locuteur croit tout dire, pense que le peu de mots qu’il utilise pour exprimer la complexité de sa pensée suffisent, mais ne laisse en vérité à l’auditeur que quelques indices permettant de décoder sa pensée.
Et parfois, la clé utilisée pour décoder cette pensée n’est pas la bonne.
C’est de là que partent les incompréhensions et conséquemment parfois les disputes qui n’ont pas lieu d’être.
Ces dernières formant peut-être malheureusement la plus grande partie des querelles.

Pour terminer, je recommanderais l’utilisation la plus large possible d’un langage dénué de second degré et plus généralement de non-dit pour éviter des conflits qui ne font de bien à personne.
Bien entendu, dans un cadre amical, détendu et apaisé, l'utilisation de ces artifices de langage peut être tout à fait délicieux.
Mais il me semble qu’en des lieux neutres, rassemblant tous types de personnes ne se connaissant pas nécessairement, ils font potentiellement trop de mal, inutilement.

11 décembre 2011

JE VAIS HORS DU MONDE

Je vais hors du monde ; je le veux. Ou je ne le veux pas ; le monde m’y pousse.
Lui et moi, nous nous observons en biais avec un air de vouloir ignorer l’autre.
Je suis nettement moins convaincant que lui.
N’ai-je donc rien semé pour que la récolte soit plus insignifiante qu’une brise ?
À ce régime l’hivernation, si elle est durable, sera douloureuse.

16 mai 2013

ŒUVRES CLASSIQUES

Il y a tant d’œuvres qui existent.
Qu’est-ce qui légitime celles qui, parmi toutes, sont des classiques ?
Elles dépendent de la culture dans laquelle on évolue.
Il y a quelque chose qui touche à l’arbitraire et au hasard.
L’influence que peuvent avoir certaines personnes sur un grand nombre d’autres permet de les créer.
Même si ce n’est pas la seule, cela est sans doute une condition sine qua none.
Il y a sûrement d’innombrables œuvres méritant d’être connues de tous qui sont restées inconnues ou même qui se sont perdues.

Je suis de plus en plus conscient de l’immensité croissante du nombre d’œuvres existantes, de l’impossibilité de les connaître toutes.
Une fois le constat dressé, il est alors légitime de se poser la question suivante : que choisir de découvrir, et comment choisir ?
Là aussi ce ne peut être qu’arbitraire et lié au hasard.

Pour s’intégrer à la société, la connaissance des classiques reconnus par les siens est nécessaire.
Si l’on souhaite pouvoir déceler des références à des classiques dans des œuvres plus tardives, il faut bien avoir connaissance de ces classiques.

Mais je me demande : est-il réellement nécessaire de faire référence à d’autres lorsque l’on crée ?
Certes, on ne crée pas à partir de rien, et il faut bien avoir absorbé de nombreuses choses pour pouvoir à son tour participer à la construction de l’Œuvre humaine.
Mais je trouve déraisonnable de créer une chose qui nécessite la connaissance d’éléments extérieurs pour être comprise.
Une œuvre qui se comprend sans le secours d’une autre touche à l’universel et me semble mériter davantage qu’on lui porte intérêt qu’une œuvre qui se construit sur de nombreuses autres antérieures.
De même, une œuvre qui est ancrée dans une période déterminée, si elle est intéressante pour qui connaît ou s’intéresse à cette période, ne touchera pas le cœur de qui n’a aucun moyen de comprendre cette période.

Faire le choix consistant à chercher par soi-même des œuvres de qualité qui ne soient pas des classiques revient à parcourir des chemins non balisés, dans lesquels on peut s’isoler mais qui apportent aussi beaucoup, qui aident à l’ouverture d’esprit et à la curiosité.
La difficulté est de pouvoir trouver des œuvres peu connues, de savoir comment les découvrir et où se les procurer.
Car c’est évidemment beaucoup plus difficile que pour les classiques reconnus, qui sont souvent cités et largement diffusés.

Je veux découvrir des idées réellement novatrices et non seulement recyclées.
Pour cela je cherche dans d’autres cultures, mais je me sens comme un aveugle tournant en rond dans un labyrinthe.
Ensuite je veux créer, non pas quelque chose qui ressemble à ce qui a déjà pu être créé, mais quelque chose qui me ressemble.
Je veux penser que dans ce qui me ressemble il y a une part qui touche à l’universel, même si j’ai conscience de ma singularité.
Il me faudra ouvrir ma propre voie, trouver ce qui me fait vibrer depuis le plus profond de mon être, puis trouver les mots pour le partager.

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27 janvier 2015

VIRTUEL

Comme il est perturbant de penser que ce que nous vivons est virtuel.
Ce qui nous paraît réel, ce que nous vivons, tout cela n’est qu’une impression, le produit d’opérations complexes que nous ne maîtrisons pas et qui nous font nous sentir vivants.
Quand, connaissant toute l’horreur qui se produit au dehors, j’assiste au rassemblement d’êtres autour de cette idée que chacun de nous compte pour quelque chose, que nous sommes tous remplis du désir d’être aimés et de recevoir des marques d’affection et de sympathie, alors je ne peux pas m’empêcher de penser, malgré l’espoir que cela fait naître, que le monde est bien mal fait pour ainsi laisser persister le malheur.
L’humanité aurait-elle pu suivre un autre chemin ?
Mais finalement, cela a-t-il de l’importance ?
Le bonheur fugace de se sentir quelqu’un pour les autres, alors même que ces derniers sont virtuels et ignorent en réalité qui je suis et même que j’existe, a-t-il le moindre sens ?

14 février 2016

MAINS TENDUES

Pour me maintenir hors de mon tombeau
À quel point m’est nécessaire cette main
Dont je ne sais à qui elle appartient
Avec le temps elle perd sa consistance
Une autre main alors vers moi se tend
Qui plus tard aussi part en s’estompant
Et de main en main cela continue
Mais leur nombre se réduit je le sens
Un jour ma main à peine tendue vers elles
Ne saisira que le vide qu’elle craint tant

23 juin 2016

QUAND LA VIE S'ARRÊTE

J’ai l’impression que ma vie s’arrête là.
La raison me dit le contraire, mais sa voix est trop faible.
C’est que ma solitude crie, elle prend tout l’espace, me tient au corps.
Elle est un gouffre dans lequel j’ai peur de tomber sans pouvoir me raccrocher.
Tout le monde sait que l’on reste toujours seul.
C’est étrangement beaucoup plus évident lorsque l’on crée des liens avec d’autres que lorsque l’on s’isole.
Le problème se trouve dans l’impossibilité de devenir plus que soi, de se diluer dans une entité qui ne soit plus soi.
On reste toujours et seulement avec son plus gros problème, soi-même.
Et quand cet être est si dense et si massif, qu’il semble immuable, il semble contredire la définition même de la vie, qui se situe dans le mouvement.
Alors le sentiment qui vient est que sa vie s’arrête là, que l’extérieur n’existe plus ou alors semble inaccessible derrière un air liquéfié, dense et pâteux, étouffant.
Il faut attendre qu’une éclaircie fasse son apparition et dissipe la brume qui aveugle l’esprit.
Le temps, peut-être, finira par l’apporter.

14 octobre 2016

MICRONOUVELLE 05

En voilà un qui écrit mon nom, comme bien d’autres l’ont fait ou le feront. Mais dans quel but inavouable l’emploie-t-il ? En l’exposant aux yeux de tous il fait croire en un avenir qu’il ne construit que pour quelques uns. Par des mensonges il fait miroiter des profits personnels au détriment de ceux qui sont tenus pour négligeables. Il est tellement séduisant que beaucoup utilisent ses talents aveuglément, parfois jusqu’à l’excès. Mes ennemis sont déjà nombreux, pourquoi m’en fallait-il un aussi sournois ? Si certains veulent bien admettre les dégâts qu’il produit, peu veulent croire en un monde sans lui. C’est un géant qui se soucie peu de son environnement ; quand il trébuche les conséquences sont dramatiques pour les plus fragiles. Alors qu’aujourd’hui son carburant n’a plus rien en commun avec une réalité concrète, ses méfaits sont d’autant plus dévastateurs. Beaucoup nous marient ensemble, mais qui connaît la vile progéniture qui nait de l’union du capitalisme et de la liberté ?

26 novembre 2016

MICRONOUVELLE 07

À la seule force des bras, il rampe péniblement au ras d’un sol désertique.
Poids mort, ses jambes suivent un corps durci par l’extérieur et meurtri de l’intérieur.
Son rêve est d’atteindre des hauteurs mais les appuis lui manquent.
Déjà il lui faudrait se tenir debout, peut-être revenir à des terres plus fertiles.
Il s’est éloigné depuis si longtemps que le retour est compromis.
La sécheresse est grande où il se trouve et ses réserves sont presque épuisées.
Il lui reste l’espoir qu’en continuant, l’oasis qu’il aperçoit arrête un jour de s’éloigner à mesure qu’il avance.
Il n’a d’intérêt que pour ce mirage dont il doit bien admettre n’avoir qu’une vue brouillée.
Il a souvent entendu cette phrase, effrayante et impérieuse : « on n’a qu’une vie ! ».
Mais il ne possède pas le mode d’emploi de la sienne, qu’il ne peut copier d’après les autres.
À son rythme, il lui faudrait plusieurs vies ennuyeuses pour réaliser une œuvre valable.
Il se dit parfois être tel le Dormeur du Val : mort depuis longtemps.

24 décembre 2016

POTENTIALITÉS

Voir toutes les potentialités à travers des livres, à travers des films.
Et quand il s’agit des siennes propres, se trouver aveugle.
Se sentir incapable d’imaginer un futur, se voir désespérément lié au présent.
Comprendre que rien ne se termine jamais.
Il y a toujours une suite ou une rupture violente qui empêche la réalisation de quelque chose d’abouti.
La route tracée s’écarte toujours de la destination initiale.
Sortir de soi le vide qui nous remplit toujours et empêche que se développe les racines d’une vie meilleure.
Ou d’une vie, tout simplement.
Vers où cela mène-t-il ?
Le présent ne peut pas répondre à cette question, et le passé empêche d’y réfléchir.
Qui peut vivre selon ses propres règles en s’étant débarrassé de son carcan fait preuve d’intelligence.
Qui n’a fait qu’ajouter des règles supplémentaires à celles qui lui ont été imposées ne fait que se détruire.

8 janvier 2017

GRAINES

Quelle est ma complainte ?

J’ai été planté il y a longtemps dans une terre aride.
Je n’ai jamais su capter, puiser assez d’eau pour moi.
Une fois déraciné, j’ai laissé les vents me porter.
Je suis retombé sur des terres toujours plus isolées.
Alors que ma soif était grande, je savais l’ignorer.
Mais inéluctablement elle s’impose toujours à moi.

Dans un élan de survie, j’ai semé des graines.
Quel baume pour le cœur que de les voir pousser !
Mais parmi elles ont grandi de mauvaises choses.
C’est au plus profond qu’elles ont pris racine.
Grande est ma crainte de ne pouvoir les arracher.
Serait-il nécessaire de détruire toute la récolte ?

Ma soif est toujours présente, toujours inextinguible.
Un monde idéal, si éloigné de moi, s’est dévoilé enfin.
Mais ce qui est beau l’est trop, je ne peux y toucher.
N’existe-t-il rien qui me soit destiné dans ce monde ?
Quelque chose que j’accepterais et ne détruirais pas ?
L’oubli est la seule chose à laquelle j’aspire toujours.

Mon monde ne changera jamais.

19 mars 2017

TROP SOUVENT

Trop souvent la vie se montre injuste.
Sans arrêt elle nous met à l’épreuve.
Malgré le courage et les efforts,
Quand un bonheur possible apparaît,
Alors que l’on commence à y croire,
Elle nous le refuse tout à coup.
Ses moyens variés sont infinis,
Sa torture est toujours efficace.
Triste consolation du poème !

25 septembre 2017

MÉMOIRE

Comment se fait-il qu’il y ait des choses que l’on a envie de partager avec quelqu’un en lui disant, ou que l’on s’interdit de lui raconter, et qui restent en mémoire tant que l’on ne s’en est pas déchargé ?
Cela peut être une expérience vécue, généralement seul, une remarque ou une idée que l’on s’est faite à propos d’un sujet lié plus ou moins directement à la personne à laquelle on souhaite en parler.
Parfois on ne sait même pas à qui dire ce que l’on a envie de dire.
Ce qui est commun à tous ces cas, c’est que si l’on garde le silence, régulièrement la chose revient en tête.
C’est une tâche de fond qui, tant qu’elle reste à accomplir, est ramenée à la conscience.
Quelque part dans notre mémoire se trouvent stockés des éléments de ce genre qui sont parcourus de temps à autre.
C’est un peu une torture de l’esprit, surtout pour ce que l’on s’est interdit de raconter, car le seul moyen pour s’en libérer est de partager l’expérience ou l’idée.
Parfois on ne trouve pas le moment propice, ou l’on n’ose pas, ou l’on se dit qu’il ne faut pas, et peut-être ne le faut-il pas, mais cela forme un poids dans l’esprit qui peut être pénible à porter.
Parfois notre hésitation est idiote et l’on tarde pour de mauvaises raisons, et le mieux est de dire tout de suite ce que l’on a en tête.
Écrire pour soi ou pour l’autre mais sans lui faire lire peut aider aussi, mais ce n’est pas toujours aussi efficace.
Une fois la tâche effectuée, la mémoire s’en trouve libérée et elle ne revient plus en tête.
Pour le bien être, il vaut mieux ne pas accumuler ce genre d’éléments.
Peut-être que lorsqu’il y en a trop, certains disparaissent de la mémoire, mais l’on peut penser qu’ils ne le font pas sans laisser un sentiment d’inachevé qui assombrit l’humeur.

Pourquoi, au contraire, certaines idées qui nous paraissent bonnes sont oubliées à peine quelques minutes après les avoir formulées dans notre tête ?
Lorsque l’on essaie de se rappeler ce à quoi on a pensé juste avant, on ne rencontre parfois qu’un brouillard duquel rien n’émerge, on sent une résistance à l’effort de réactiver les processus de réflexion.
Il faut essayer de retrouver le déclencheur de la succession de pensées qui a mené à l’idée que l’on cherche à retrouver.
Cela se fait à tâtons, dans ce brouillard que l’inconscient tente de nous faire quitter en nous menant vers de nouvelles images, éloignant définitivement l’idée de notre conscience.
L’effort même de se rappeler tend à se faire oublier.
Bien sûr, la fatigue, avec le besoin de repos de l’esprit, augmente la difficulté.
Mais parfois, parce que la volonté était la plus forte, ou parce que la chance de se raccrocher à un déclencheur est là, parfois à portée du regard, on retrouve l’idée que l’on a eue.
Alors la mémoire joue son rôle car le fait de dérouler le fil pour la seconde fois le rend plus solide dans le temps.

23 octobre 2020

SUR LA RÉCIPROQUE

« Quand j’y suis, tu n’y es pas... et réciproquement ».
Mais que cache donc cette phrase ?
Je me méfie souvent de l’utilisation de la réciproque.

Pour un énoncé de la forme « si A alors B », la réciproque est « si B alors A ».
Il est à savoir que la véracité de la réciproque n’est pas liée à celle de l’énoncé.
Autrement dit, il se peut que l’une soit fausse et l’autre vraie, ou que les deux soient vraies, ou que les deux soient fausses : tout est possible.
Par contre, la contraposée, à savoir « si non B alors non A », a la même véracité que l’énoncé.
Autrement dit, soit toutes les deux sont vraies, soit toutes les deux sont fausses.

Dans notre cas, en supposant que la négation de « ne pas être » est « être », la contraposée de notre énoncé de départ est donc « quand tu y es, je n’y suis pas ».
Nécessairement, puisque si j’y étais, tu n’y serais pas...

La réciproque de notre énoncé est pour sa part : « si tu n’y es pas, alors j’y suis ».
Mais est-ce vraiment ce que pense la personne qui le dit en parlant de réciproque ?
En fait, on a plus en tête la contraposée de la réciproque, à savoir « quand je n’y suis pas, tu y es ».
Bien entendu, comme nous l’avons écrit plus haut, la véracité de la réciproque est la même que celle de sa contraposée, donc ça ne pose pas de problème logique de parler ici de réciproque.

Mais est-ce que ça ne fait pas faire une gymnastique compliquée à l’esprit pour être sûr de comprendre ce que dit l’autre ?

Une autre phrase, par exemple : « Ce qui est entendu n’est pas dit... et réciproquement ?! »
Ne comprend-on pas plutôt seulement la contraposée, à savoir « ce qui est dit n’est pas entendu » ?
Car la réciproque, « ce qui n’est pas dit est entendu » paraîtrait complètement démesuré : ce qui n’est pas dit est incommensurable, comment pourrait-il être entendu ?
Même sous sa forme contraposée, « ce qui n’est pas entendu est dit » est tout à fait impossible pour ces mêmes raisons de mesure.
On a donc là un usage erroné du mot réciproque.

Mais revenons à notre énoncé de départ, car il y a un peu plus à voir, selon un certain point de vue.
En effet, cet énoncé est d’une certaine manière « totalisant ».
J’entends par là le fait qu’à chaque fois, soit j’y suis (et tu n’y es pas), soit tu y es (et je n’y suis pas).
Ainsi, forcément l’un de nous deux y est : sur le total de ces moments, il y a une présence.
La phrase semble même suggérer le fait qu’il a été observé que les deux cas se sont présentés.
Bien sûr, on ne connaît pas les proportions de ces deux cas, si l’un est plus fréquent que l’autre, mais il y a quelque chose de rassurant dans le fait de savoir qu’il y a nécessairement quelqu’un : on peut savoir ce qui se passe à chaque fois.

Par contre, si l’énoncé était « quand j’y suis, tu y es... et réciproquement », ce qui se passe c’est qu’à chaque fois, soit nous sommes tous les deux présents, soit nous sommes tous les deux absents.
Peut-être que nous sommes tout simplement toujours là ?
Ou bien seulement quelques fois ?
L’expérience, là encore suggérée par la phrase, indique que l’on n’est pas dans le cas où aucun de nous ne vient jamais.
Mais c’est un peu plus inquiétant : que se passe-t-il quand aucun de nous deux n’y est ?
On s’en moque ?
Sans doute...
Et peut-être qu’un énoncé supplémentaire faisant apparaître une troisième personne nous rassurerait.

De toute façon, un énoncé ne dit jamais plus que ce qu’il dit... on a parfois trop tendance à élargir, généraliser, si ce n’est pas déformer, ce qui est dit.
Quand ce qui est dit est vraiment ce que l’on veut dire, c’est déjà bien assez compliqué de ne pas mal interpréter ou de ne pas surinterpréter.
Alors quand on dit quelque chose de faux, tout est permis dans les interprétations.
Car tout le monde sait bien que du faux on peut déduire ce que l’on veut, ne serait-ce qu’à travers cette expression : avec des si, on mettrait Paris en bouteille.

26 décembre 2020

RENCONTRES

C’est une sorte d’évidence, lorsque l’on y pense, que l’on ne connaît jamais vraiment l’autre.
Ce n’est que l’image que nous avons de l’autre que nous aimons ou détestons, selon ce que nous y voyons de nous, du meilleur au pire.
Nous ne faisons finalement que nous projeter en l’autre, en y mettant soit ce qui est beau en nous, soit ce qui est laid en nous.
Nous aimons en l’autre ce qui nous fait penser aux qualités que nous nous donnons, nos blessures ou nos faiblesses chéries, ou ce à quoi nous aspirons et qui peut nous inspirer pour y tendre.
Nous n’aimons pas en l’autre ce que nous avons honte d’avoir en nous, y compris certaines faiblesses, ce qui nous fait peur, ou ce qui nous manque et nous rend jaloux.

Je m’interroge alors : Qu’est-ce qu’une rencontre ?
Je pense déjà au fait, pour quelqu’un, de rencontrer quelque chose, pas nécessairement quelqu’un.
Pour cela, il faut qu’une volonté naisse en nous d’ajouter en notre esprit de nouveaux éléments qui fassent évoluer notre connaissance du monde, notre expérience de vie.
Cette volonté peut être préalable ou naître au contact de l’objet de la rencontre.

Ensuite, qu’est-ce que la rencontre entre deux personnes ?
C’est la simultanéité de deux rencontres, quand deux personnes croient partager la même expérience de vie, se pensent orientées par les mêmes circonstances, vers une même vision, ou bien quand les attentes ou volontés semblent se compléter pour chercher à atteindre un but commun.
Ce sont deux volontés, deux attentes simultanées tournées vers une même chose.
Là encore il s’agit d’illusion, car on ne sait jamais vraiment ce que vit l’autre et l’on ne fait que se l’imaginer à partir de ce que l’autre nous montre, nous communique.

Si à un certain point les visions divergent, les chemins se séparent et il peut y avoir rupture.

Avec l’éloignement, quand le dialogue est interrompu par les circonstances, il se produit parfois une chose dont il faut avoir conscience.
Il se peut que l’on estime bien connaître l’autre, tout simplement parce que la rencontre est passée et parce que l’on a côtoyé assez longtemps l’autre pour en savoir beaucoup de choses.
Cependant les événements peuvent l’avoir mis dans une situation différente que celle de la rencontre, dans laquelle il ne réagit, ne vit, pas forcément comme on pourrait le croire.
Il se peut même que l’on ignore cette situation différente.
De plus, ce que nous avons projeté sur l’autre n’a jamais tout à fait été juste et nous continuons à projeter de travers et de mémoire seulement, que tout le monde sait non fiable, ces mêmes éléments, sans pouvoir avoir la certitude qu’ils s’appliquent toujours, s’ils se sont même jamais appliqués.
Ainsi, si l’on reste dans l’affirmation, si l’on ne continue pas le geste de la rencontre qui consiste à poser des questions pour actualiser ou corriger ses connaissances de l’autre, on s’éloigne à coup sûr de l’autre.
L’autre devient alors pour nous un être imaginaire avec lequel on communique en nous-même, qui n’a que quelques points communs avec la personne réelle.

Comme les gens posent généralement peu de questions, j’ai tendance à penser qu’ils se créent un monde qui leur convient mais qui ne correspond pas vraiment à la réalité.
Leur réalité leur suffit, avec ses approximations et ses erreurs.
Ils pensent que l’observation rapide, superficielle, suffit à bien évaluer l’autre, à le cerner.
Il y a pourtant beaucoup d’éléments qui ne peuvent pas se savoir sans un examen plus poussé.
Il est vrai que remettre en question son savoir est difficile et demande beaucoup d’énergie.
Je crois pourtant que beaucoup de malentendus et de rapports difficiles proviennent de l’ignorance profonde de qui est l’autre.

Il arrive que l’on ne fasse plus l’effort de savoir qui l’on a en face de soi, que notre autre imaginaire soit le seul envers lequel on agisse.
Pourtant on communique malgré tout avec quelqu’un de réel.
Je pense qu’il est important d’en avoir conscience.

J’ai ressenti plusieurs fois cette impression que la personne qui me parle ne me connaît pas et me colle aux concepts auxquels j’ai été associés.
Ce n’est plus à moi que l’on parle, je ne suis qu’un objet ; bien qu’étant l’original d’une copie virtuelle ressemblante, je reçois ce que la copie seule devrait recevoir.
Je peux me sentir étranger à ce qui m’est communiqué et qui me concerne à peine, voire pas du tout.

15 février 2021

LE BESOIN D’EXTRAORDINAIRE

Le besoin d’extraordinaire, de nouveauté, de découverte, est pour le moins très répandu chez l’humain. Il est sans doute difficile de déterminer s’il s’agit d’une expression de nos gênes, autrement dit d’un besoin inné, ou s’il est développé avec l’héritage culturel. On peut sans doute trouver des arguments pour les deux possibilités, bien que je penche davantage vers la seconde.

En faveur de l’hypothèse génétique, on trouve chez les animaux de nombreuses coutumes de séduction où il s’agit de se comporter de manière extraordinaire pour emporter la faveur. Cependant je ne vois pas de cas où un animal recherche la nouveauté, ou serait particulièrement attiré par celle-ci. Cela me semblerait même être une source potentielle de danger, la nouveauté étant inconnue et donc peut-être nocive, ce que la plupart des êtres vivants évitent pour la survie de leur espèce. La découverte, chez l’animal, me semble provenir plus souvent de la nécessité de survie que d’un goût pour celle-ci. Mais peut-être justement que, sans cette volonté d’exploration, l’espèce fragile qu’est la nôtre aurait disparu et que c’est en transformant son environnement pour ses besoins qu’elle a survécu. Elle a amplifié cette tendance au long des millénaires en accumulant les technologies et en partageant ses connaissances, cumulatives, au fil des générations.

L’espèce humaine a davantage complexifié la séduction, elle l’a même généralisée à beaucoup de ses interactions. Elle a également rendu coutumier l’extraordinaire, comme par exemple les carnavals. La nouveauté semble être une bouée de secours pour beaucoup ; elle est cependant poussée par l’usage de la publicité : on donne envie d’avoir de nouvelles choses. Cette envie me semble en partie naturelle, mais également pour beaucoup construite par notre mode de vie. Elle vient de notre notion de propriété, associée sans doute à notre jalousie : on veut ce que l’autre possède, pas nécessairement pour déposséder mais par mimétisme.

Pour alimenter encore la seconde hypothèse, on peut observer comment, dès le berceau, on attire le regard du petit humain vers des choses nouvelles, préférablement spectaculaires, en les associant au plaisir, à la joie. Autrement dit, on nous montre presque dès notre naissance des choses extraordinaires et on nous fait sentir qu’il faut être heureux d’en être témoin.

On entend que pour développer son intelligence, l’humain doit être stimulé. On est heureux de voir un enfant parcourir son environnement pour le découvrir, prendre l’initiative d’agir sur celui-ci, car il fait alors preuve d’éveil. On sait qu’il faut pourtant toujours veiller sur l’enfant, sous peine qu’il se mette inconsciemment en danger : le goût de la découverte est dangereux. Un enfant qui resterait sans bouger serait très certainement testé pour y détecter un problème, comme par exemple de l’autisme. Pourtant la découverte frénétique de son environnement n’est pas une généralité chez les animaux nouveaux nés. On peut par exemple observer que les oisillons ne cherchent généralement pas à aller voir ce qu’il y a en dehors du nid avant de savoir voler, ce qui bien entendu est une bonne chose pour la survie de leur espèce.

Une personne qui ne fait rien est généralement mal vue ou soupçonnée d’être atteinte de cet état grave, en tout cas détesté, qu’est la dépression.
Le dépressif est celui qui ne parvient pas à agir sur le monde ; il est passif et, dans notre conception du bien-être, cela est une tare. L’humain semble plus heureux quand il se donne un but et quand il agit pour l’atteindre. S’il n’en est pas ainsi, il aura tendance à réfléchir à sa situation, commencera à s’étudier lui-même, et cela l’effraie souvent tellement qu’il fait tout pour l’éviter. Le fait est que peu de personnes font le choix de la monotonie, même l’accepter ne peut être que temporaire pour le bien-être de la plupart. D’où les fêtes organisées chaque année qui permettent de la rompre, paradoxalement tout en la forgeant sur les années ; la saisonnalité éloigne la lassitude. Il faut du changement, voir ailleurs, découvrir, vivre des choses extraordinaires, sans quoi au minimum on s’ennuie – et on ennuie les autres, au pire on gâche sa vie.

Il faut se rendre exceptionnel, devenir quelqu’un, avoir une belle position. Les histoires racontent la plupart du temps des réussites, au moins quelque chose de remarquable. Les célébrités sont des modèles qui permettent de vivre des vies extraordinaires par procuration. L’échec est presque impensable. Ce modèle de réussite, montré comme le seul viable, est une insulte à la majorité dont la situation n’est pas enviable et que l’on fait rêver en vain, donc que l’on frustre.

Je crois que ce besoin d’extraordinaire, de nouveauté, de découverte, est un problème autant que quelque chose de bien. C’est sans doute lui qui amène la technologie, la science, qui ne peuvent naître sans exploration, sans expérimentation. Cependant l’action transformatrice de l’homme n’est pas sans conséquence négative, nous le savons.

Si nous avons cette bonne image, ce modèle à suivre, de l’activité, nous avons pourtant aussi l’image d’une sagesse basée sur le modèle contraire. En effet, la sagesse peut être celle qui réfrène la fougue de la jeunesse qui court à sa perte, celle qui conseille de réfléchir avant de se lancer dans une entreprise aux conséquences inconnues, voire même qui tente de dissuader d’aller sur certaines voies dangereuses.

Personnellement, je cherche toujours la singularité, en particulier dans les œuvres auxquelles j’accède, mais j’accepte que ma vie soit répétitive, monotone. J’essaie d’accepter ma banalité après avoir vécu de longues années dans l’idée qu’il fallait aller le plus haut possible, être ambitieux, et constaté que cela peut être vain et ne mène pas au bonheur. Je vois maintenant que la nouveauté est illusoire, que les productions humaines innombrables sont pour l’essentiel du bruit sans beaucoup de sens, sans beaucoup de variétés essentielles ; elles ne sont que les variations infinies sur des thèmes limités.

On se leurre à vouloir se donner une direction dans un monde qui n’en a pas.

6 mars 2021

LA FÊTE

Une personne seule à une fête, restant à l’écart.
On lui propose de se joindre aux autres, de faire partie de la farandole.
On la prend par le bras, mais elle se libère, refuse de se laisser entraîner.
Alors on la laisse seule, à observer ces gens s’amuser tous ensemble.
Si elle ne participe pas à la fête, ce n’est pas par timidité, par manque d’assurance, ni même par peur de la honte.
C’est qu’elle n’en ressent tout simplement pas l’envie, et que l’observation de cette frénésie festive lui convient mieux que d’en faire partie.
Ce n’est pas d’être invitée dont elle a besoin, mais de quelqu’un qui, comme elle, se détache de la foule, et se joigne à elle, dans l’intimité, à l’écart de toute cette animation.
Pourquoi faudrait-il faire comme les autres, se fondre dans la masse ?
La fête est-elle la chose la plus intéressante à faire ?
C’est peut-être seulement la plus sécurisante pour qui n’aime pas être isolé.
Ceux qui s’y plongent comprennent mal que l’on puisse préférer rester à l’écart.
Il n’y a presque personne pour la délaisser assez longtemps et prendre le temps de dialoguer avec qui ne fait que l’observer de loin.
Ceux qui ne rentrent pas dans la danse interrogent, mais de manière passagère, rarement profonde.
Les comprendre nécessite de penser autrement, ce dont les fêtards sont incapables, entraînés qu’ils sont par l’élan impulsé par la foule, qui ne réclame rien d’autre que l’action, donc précisément de ne pas penser.
Les fêtards invitent à la fête, qu’il ne faut pas gâcher, mais sont limités dans son cadre et comprennent mal qu’autre chose est possible.
En dehors, c’est forcément l’exclusion, voire la folie, qui guette.

29 juin 2020

ENTRE HASARD ET MAÎTRISE

Je ne vis pas de la même manière chacune des différentes formes de création auxquelles je m’adonne. Mon état d’esprit lié à leur exécution est très dépendant de la forme utilisée, plus rarement du sujet. Pour toutes, je suis à la recherche d’une certaine esthétique, mais selon que je m’estime capable de l’atteindre avec précision ou non, je vais être tenace, capable d’y passer beaucoup de temps, ou non. Autrement dit, je peux dans certains cas vouloir peaufiner ce que j’ai dégrossi après un premier jet et aller jusqu’à être certain de n’avoir aucun regret sur le résultat, alors que dans d’autres cas, me sachant incapable et n’ayant aucune envie, ou volonté, de travailler pour améliorer des capacités qui me permettraient d’atteindre la perfection qui me satisferait, je vais tout simplement laisser aller, voire abandonner. Cela peut être lié, parfois, au fait même de savoir précisément ce que je souhaite obtenir. Il se peut que je n’en aie aucune idée, ce qui fait que je ne sais pas dans quelle direction aller pour améliorer, ou même avancer, dans mon travail de l’œuvre. Dans certains cas, c’est une question de dextérité, qui me manque et qui ne pourrait être obtenue qu’avec un travail pénible que je refuse de faire.

Je peux entrer un peu dans le détail pour fixer un peu les idées :

Les créations sur lesquelles je suis capable de passer beaucoup de temps pour les rendre les plus parfaites à mon sens sont celles qui utilisent l’outil informatique. C’est le cas dans la création d’un programme ou l’édition et l’enregistrement d’un fichier musical par exemple. Ce sont des travaux très techniques, où la répétition est facile, exécutée par la machine, et où je sais pouvoir obtenir ce que je souhaite avec précision. Dans une moindre mesure, il y a le traitement informatique des images prises avec un appareil photo numérique, sur lesquelles je peux avoir très peu d’exigence, à moins d’avoir une idée très précise en tête, auquel cas je peux passer pas mal de temps pour atteindre mon but, ou au moins pour m’en approcher suffisamment près. Le cas des programmes informatiques est particulier, parce qu’ils sont capables de chambouler totalement mon rythme quotidien, du fait que je réfléchisse au problème constamment, formant de manière plus ou moins consciente les détails de sa résolution, nécessitant que je m’y mette au moment où j’ai une construction précise en tête, quelque soit l’heure. Cela ressemble à ce que j’ai pu vivre quand je cherchais à résoudre un problème mathématique : celui-ci reste constamment en tête, occultant tout le reste, presque y compris les besoins naturels les plus importants. C’est tellement entêtant qu’une durée trop grande de cette situation pourrait entraîner des conséquences dramatiques. Je crois malgré tout que c’est parce que j’ai la quasi certitude de pouvoir réaliser en un temps assez court ce que j’ai en tête que je me permet de fonctionner ainsi. En tout cas ce fonctionnement est à la fois enthousiasmant, parce que je fais quelque chose qui me tient à cœur, et perturbant parce que cela détruit totalement mon rythme et m’isole totalement du monde en m’obsédant bien trop. C’est une des raisons qui a fait que j’ai abandonné l’idée de faire de la recherche, en plus du fait que je n’étais pas assez bon pour cela.

Une autre forme de précision se trouve dans ce que j’écris, en particulier ici dans mon livret de l’intranquillité. Il s’agit de choisir les mots, les tournures de phrases, qui expriment au plus juste ce que je ressens, l’idée que je veux développer, en essayant d’être le plus honnête possible, en espérant être le moins ambigu possible. Je peux passer beaucoup de temps sur le choix d’un mot, la manière de former une phrase, et il y a peu de phrases qui viennent en un seul jet, à la première pensée. Car la pensée intuitive, qui lance les premiers mots, est plutôt maladroite et nécessite d’être repensée pour trouver la bonne manière de l’exprimer précisément et justement. Ainsi, cela me prend du temps d’écrire, et si parfois, à la relecture d’anciens textes, je me trouve maladroit, je retrouve malgré tout le travail de réflexion qui s’y trouvait. S’il m’arrive de trouver un texte peu clair pour moi, parce que j’aurais mal établi un contexte permettant d’éclairer au mieux l’idée que je développe, cela est plutôt rare dans l’ensemble, justement parce que j’essaie de penser ce que j’écris comme quelque chose qui peut être lu hors contexte. Je sais que mon écriture peut être maladroite ; elle l’a été quand j’étais plus jeune, et je pense tout de même avoir fait des progrès avec le temps. Je me bats encore souvent avec les répétitions de mots et la ponctuation. C’est sur des phrases que j’ai eu beaucoup de mal à former que certaines critiques peuvent se formuler, justement parce que j’ai eu du mal à trouver la bonne tournure pour les rendre claires et lisibles. Cela dit, il est très possible que je considère avoir du mal sur beaucoup de phrases car presque chacune demande un effort. En tout cas, mes maladresses ne sont pas un manque d’application, mais une application justement trop grande, qui m’aurait fait passer à côté, peut-être de la simplicité ou d’une tournure plus naturelle. Le remaniement de phrases peut mener parfois, même avec une relecture, à des structures complexes, excessivement alambiquées, voire incompréhensibles. J’essaie alors, le plus souvent, de former mes phrases en une seule fois, même si c’est en prenant du temps, en particulier pour trouver des mots qui m’échappent.

Lorsque je prends une photo, je cherche également une certaine perfection sur certains points qui me paraissent importants. Je souhaite avoir le bon cadre tout de suite et ne pas avoir à y retravailler plus tard. J’élimine, en me positionnant le mieux possible, tout ce qui est indésirable dans l’image, je réalise le placement d’un ou de plusieurs éléments avec précision. Je ne cherche cependant pas à maîtriser absolument tous les paramètres possibles, car il y en a trop, et aussi parce qu’ils ne me paraissent pas forcément importants. Je sais par exemple que certains détails, comme la lumière ou les couleurs, pourront être modifiés plus tard avec autant de précision que je le souhaiterai.

Quand je crée de la musique, qu’il s’agisse d’improvisation ou de composition, et que je l’enregistre, je dois n’avoir pas fait trop d’erreurs, ou des erreurs que je peux corriger par la suite, étant donné que j’enregistre ma musique numériquement. Cette notion d’erreur est valable évidemment en composition, mais également dans l’improvisation, puisque je respecte l’harmonie et, comme d’une part je ne maîtrise pas du tout l’art de la composition et comme d’autre part ma dextérité n’est pas bonne, il m’arrive de jouer des notes qui sortent trop de l’harmonie. Cependant certaines erreurs deviennent parfois, dans mes improvisations, des éléments de variation, en tout cas de personnalisation, de mes œuvres musicales. Je crois même qu’elles sont une sorte de signature, comme si la création était celle de mes doigts qui, volontairement, en tout cas par habitude, jouent sur ces écarts à l’harmonie d’une manière qui me reste toujours familière, peut-être très personnelle mais qui ne sont pas voulus par ma conscience. Il est vrai que je forme très rarement une mélodie dans mon esprit, et que je laisse guider le hasard, bien que je le contraigne à rester dans une harmonie générale. Je n’ai en tout cas aucune notion de rythme, et mes compositions ne tiennent pas en compte l’idée de mesure musicale, ni même de tempo. Je me sais incapable de jouer en groupe avec d’autres, car je ne compte jamais mes temps, et que même en les comptant je fais des erreurs. De manière générale, si je n’étais pas lié à un emploi du temps fixé de l’extérieur, j’aurais sans doute très peu de fonctionnement lié au temps, aucune activité périodique.

Je n’ai pas évoqué, en ce qui concerne l’écriture, de la création d’histoires. J’en ai fait très peu, et pour l’instant presque toutes sont inachevées, à part une nouvelle qui essentiellement me mettait en scène d’une manière plus ou moins fictive, en tout cas de manière plutôt réaliste. Je me soucis de précision dans l’écriture de mes histoires comme dans mes autres textes, mais il me manque ici l’idée, la construction du récit. Autrement dit j’ai une idée de départ, avec des éléments que je sais vouloir placer, mais je n’ai aucune idée du développement des actions, et en particulier aucune idée de la fin. Ne sachant où aller, c’est en écrivant que je développe le récit, comme s’il avançait tout seul à mesure que j’écris. Je crains alors une construction maladroite car non maîtrisée de l’histoire, avec une absence de rythme, ou plutôt une irrégularité de celui-ci. Je pense en fait que je ne peux pas être un créateur d’histoire, car j’ai trop peu d’imagination pour cela. Je ne peux que rester dans le monde de la pensée, éventuellement des idées, que je peux essayer de développer, mais pas sous forme d’action, peut-être parce que celle-ci est trop étrangère à mon fonctionnement personnel, moi qui suis davantage un observateur qu’un acteur. J’ai toujours eu un rapport difficile avec les fins des histoires. Je les ai souvent critiquées, et je m’aperçois qu’elles sont très difficiles à réaliser. Je crois maintenant que, comme dans la vie il n’y a pas de fin en soi, car il y a toujours quelque chose qui continue, les fins sont toujours arbitraires, donc presque nécessairement décevantes. Il faudrait peut-être que j’assume l’écriture d’histoires sans fin et sans but, comme l’est la vie.

Il me reste à parler de la peinture, qui est la forme que je maîtrise le moins. Dans cette expression artistique, je n’ai ni l’idée du but, ni la dextérité. C’est donc un travail presque exclusif du hasard, si ce n’est que parfois je cherche à atteindre une certaine harmonie dont j’ai l’intuition, qui peut me demander du temps pour l’obtenir, sur un petit détail d’une peinture qui par ailleurs possède beaucoup de maladresses. Pourtant, ce sont parfois les peintures sur lesquelles j’ai passé le moins de temps, où le hasard a le plus joué, qui me plaisent le plus, justement parce que ce hasard a fait naître des détails surprenants, que je sais incapable de produire volontairement. Malheureusement, ce que je peins n’est pas ce que je voudrais peindre. Je n’arrive pas à faire dans le minimalisme que je souhaiterais. Je suis également incapable d’imaginer un sujet, ce qui implique que ma peinture est nécessairement non figurative, ce qui m’arrange étant donné que je ne suis pas dessinateur, car cela demande un travail que je ne suis pas prêt à fournir. Je crois que c’est la seule forme dans laquelle je dois me forcer vraiment pour réaliser quelque chose, bien que parfois cette activité me permette de passer un moment plus ou moins agréable sans trop penser. De ce point de vue c’est un peu le contraire pour moi de l’écriture, qui me vient comme une nécessité, et qui justement est là pour exprimer ce que je suis en train de penser.

L’amplitude de mes créations est donc grande entre l’improvisation totale et la maîtrise, entre la création au fil de l’activité et celle qui est guidée par un but précis. Très peu de mes créations sont susceptibles de me plaire lorsqu’elles sont terminées en dehors, sans doute, de celles que j’ai pu maîtriser de bout en bout. Ce qui peut paraître surprenant c’est que je ne cherche pas à être capable de maîtriser les autres et de me donner les moyens d’être satisfait. Je crois que cela est dû au fait que je m’en sente tout simplement incapable. Peut-être aussi que j’ai besoin malgré tout de cette part de hasard, même si celui-ci ne fait pas toujours aussi bien les choses que je le souhaiterais. Peut-être est-ce un moyen de ne pas me fatiguer, car la maîtrise peut être épuisante, surtout quand on est perfectionniste comme je le suis sur ce que je maîtrise quand j’ai une idée précise en tête. Cela vient en partie de la notion de minimalisme, importante et transversale dans mes créations, y compris informatiques, qui peut demander beaucoup de temps et d’énergie, aussi paradoxal que cela puisse paraître, simplement parce que les premiers jets sont généralement trop brouillons et maladroits.

22 mai 2020

ANIMAL SOCIAL

On dit des humains qu’ils sont d’une espèce sociale.
Je dis qu’ils ne le sont qu’à moitié.
L’humain n’aime pas être seul.
Il détériore sa santé, au moins mentale, en le restant.
Il lui faut donc de la compagnie pour ne pas souffrir.
Sauf que chacun sait que l’humain, s’il peut apporter le bien, peut également agir mal envers ses pairs.
Il se doit donc d’être méfiant envers les autres et c’est là que les limites de sa socialisation se forment.
Une fois qu’un humain vit et connaît certaines personnes, il va généralement se contenter d’ignorer les autres, au mieux de communiquer seulement dans des interactions à but utilitaire, souvent par le biais d’éléments économiques.
La peur de l’autre, le sentiment du besoin de protection de soi, font que l’on voit plus souvent des réactions de fermeture aux autres que d’ouverture.
Regardez toutes les personnes qui baissent les yeux dans la rue.
Regardez les personnes qui utilisent un masque social pour mieux se cacher.
L’humanité n’est malheureusement pas une espèce unie, aimante.
Il est bien évident que vu le grand nombre d’individus, on ne peut pas communiquer avec tout le monde.
Mais ce qui se passe c’est que chacun reste surtout dans sa propre bulle, utilisant l’autre seulement quand cela lui apporte quelque chose, craignant l’inconnu à cause du potentiel mal qu’il pourrait causer.
Et l’on sait d’autant plus que ce mal est possible non seulement parce qu’il est en chacun de nous, mais surtout parce qu’il a toujours été exposé, peut-être bien davantage que le bien.
On souhaite combattre le mal plutôt que propager le bien.
Pour moi, je crois que cela permet surtout au mal de subsister, voire de grandir.

19 octobre 2014

SUR LE REJET DE LA DIFFÉRENCE

Et si les gens « normaux » se sentaient en fait prisonniers de l’image de normalité à laquelle ils collent ?
Et si, lorsqu’ils critiquent ceux qui sortent de la norme, ils ne faisaient qu’exprimer leur jalousie vis à vis d’une liberté qu’ils ne se sentent pas capables de prendre, de peur du rejet de la part du groupe auquel ils appartiennent ?
Pourquoi le besoin d’appartenir à un groupe, et donc de se conformer à des règles arbitraires pour y être admis, est-il si important ?
Surtout, pourquoi cela implique-t-il si souvent le rejet de ceux qui ne prennent pas à leur compte ces règles alors même qu’ils sont nés au sein du groupe et qu’ils respectent ses membres ?
On peut voir une autre raison, génétique celle-là : pour ne pas voir l’existence du groupe compromise par l’expansion d’un caractère non admis, on pratique l’exclusion de tout individu déviant.
Cela est observable chez certains animaux sociaux, et l’est bien entendu chez l’humain, sous une forme parfois violente.
Ce qui rend l’humain différent, c’est que dans certaines sociétés on tente de faire en sorte d’intégrer toutes les particularités.
Par exemple la médecine tente de réaliser des exploits en permettant une vie normale malgré le handicap, quelque soit sa forme.
Bien entendu, quand le handicap est vraiment d’origine génétique, on peut estimer qu’il est pris un risque, à le prendre en charge, que le caractère puisse effectivement se développer dans la population.
Mais, bien entendu, a-t-on à – et peut-on réellement – juger du bénéfice ou des inconvénients d’un caractère déviant ?
Au delà des effets primitifs qu’il fait observer, peut-être qu’un caractère déviant peut apporter, ne serait-ce qu’indirectement, une amélioration de la société, quel que soit le sens donné au mot amélioration.
D’ailleurs, peut-être que l’amélioration est-elle plus à voir dans le système global qu’au niveau de l’espèce seule, dont l’existence et la prolifération n’est peut-être pas une bonne chose pour le système.

12 août 2006

RÉVÉLATION

Lueur au loin. Non.
Plutôt noire apparition.
Noir intense, insondable.
Qui grandit, devient silhouette.
Sérénité, paix.

L'illumination vient de cette vue,
Apaisante, d'une noirceur infinie.
Calme, enfin.

La silhouette m'envahie,
Me submerge.
Je suis heureux
Alors que j'y suis entier.

Vide de toute lumière,
De tout doute, de toute peur.
Plénitude, bonheur absolu.

Moment trop court,
Que dans mon souvenir je prolonge
Sans pouvoir lui rendre toute son intensité.

Le regret de ne pas y être encore,
L'espoir de le revivre,
De manière prolongée, éternellement,
Pour qu'enfin mon esprit
Connaisse la paix
A laquelle il aspire.

Révélation.
Voeu que ma volonté
En ressorte plus forte qu'elle ne l'était.
Voeu que mon inconscient
Permette encore le rêve,
Et la vision qu'il m'a donnés.

Tout à la fois pensée
D'avoir tout vu en cet instant
Et d'avoir besoin d'en connaître plus.
Voilà peut-être la raison
Pour laquelle je suis toujours là.

Je rêve, j'en ai rêvé,
Et pourtant je l'ai vue.

La révélation
Ne peut pas venir que de soi.
Elle m'est venue de cette silhouette.

Une rencontre inattendue,
Une simple vision,
Qui fait tout oublier
Un bref mais fort instant.

Peut-être que le retour
Dans l'éblouissante lumière
De cette vie encore présente
Est brutal et blessant.

Mais reste le souvenir
Qui ravive ce bonheur
Et donne l'impression
De pouvoir refaire l'expérience,
Encore et encore.

Et encore.

9 janvier 2011

MICRONOUVELLE 02

Elle est entrée sans faire plus d'effet qu'une brise légère, puis s'est assise là toute la soirée.
Elle était là pour moi qui seul l'ai vue, si belle, mais si désespérée.
Sa tâche lui pesait, mais j'étais le suivant sur sa liste de tous ceux qui, ayant accédé à la vie, doivent lui en payer le prix.

2 janvier 2015

INCURIE

Qu’il fut long le voyage pour cet endoit maudit !
Qu’en sera-t-il demain ici de mon repos ?
Quelle est cette incurie dont je suis menacé ?
Qu’elle est tenace la peur de n’en jamais sortir !

23 août 2006

ENCONTRO

Magia dum encontro raro
Olhos abertos à crença
Na beleza duma vida.
Impossível de entender
Como isso se realizou
Amor agora sou certo
Pode mudar muitas coisas.

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