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Poesia : de la Poésie, des textes libres
27 janvier 2015

VIRTUEL

Comme il est perturbant de penser que ce que nous vivons est virtuel.
Ce qui nous paraît réel, ce que nous vivons, tout cela n’est qu’une impression, le produit d’opérations complexes que nous ne maîtrisons pas et qui nous font nous sentir vivants.
Quand, connaissant toute l’horreur qui se produit au dehors, j’assiste au rassemblement d’êtres autour de cette idée que chacun de nous compte pour quelque chose, que nous sommes tous remplis du désir d’être aimés et de recevoir des marques d’affection et de sympathie, alors je ne peux pas m’empêcher de penser, malgré l’espoir que cela fait naître, que le monde est bien mal fait pour ainsi laisser persister le malheur.
L’humanité aurait-elle pu suivre un autre chemin ?
Mais finalement, cela a-t-il de l’importance ?
Le bonheur fugace de se sentir quelqu’un pour les autres, alors même que ces derniers sont virtuels et ignorent en réalité qui je suis et même que j’existe, a-t-il le moindre sens ?

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19 octobre 2014

SUR LE REJET DE LA DIFFÉRENCE

Et si les gens « normaux » se sentaient en fait prisonniers de l’image de normalité à laquelle ils collent ?
Et si, lorsqu’ils critiquent ceux qui sortent de la norme, ils ne faisaient qu’exprimer leur jalousie vis à vis d’une liberté qu’ils ne se sentent pas capables de prendre, de peur du rejet de la part du groupe auquel ils appartiennent ?
Pourquoi le besoin d’appartenir à un groupe, et donc de se conformer à des règles arbitraires pour y être admis, est-il si important ?
Surtout, pourquoi cela implique-t-il si souvent le rejet de ceux qui ne prennent pas à leur compte ces règles alors même qu’ils sont nés au sein du groupe et qu’ils respectent ses membres ?
On peut voir une autre raison, génétique celle-là : pour ne pas voir l’existence du groupe compromise par l’expansion d’un caractère non admis, on pratique l’exclusion de tout individu déviant.
Cela est observable chez certains animaux sociaux, et l’est bien entendu chez l’humain, sous une forme parfois violente.
Ce qui rend l’humain différent, c’est que dans certaines sociétés on tente de faire en sorte d’intégrer toutes les particularités.
Par exemple la médecine tente de réaliser des exploits en permettant une vie normale malgré le handicap, quelque soit sa forme.
Bien entendu, quand le handicap est vraiment d’origine génétique, on peut estimer qu’il est pris un risque, à le prendre en charge, que le caractère puisse effectivement se développer dans la population.
Mais, bien entendu, a-t-on à – et peut-on réellement – juger du bénéfice ou des inconvénients d’un caractère déviant ?
Au delà des effets primitifs qu’il fait observer, peut-être qu’un caractère déviant peut apporter, ne serait-ce qu’indirectement, une amélioration de la société, quel que soit le sens donné au mot amélioration.
D’ailleurs, peut-être que l’amélioration est-elle plus à voir dans le système global qu’au niveau de l’espèce seule, dont l’existence et la prolifération n’est peut-être pas une bonne chose pour le système.

29 septembre 2013

LA MAÎTRISE DU TEMPS PERDUE

Il y a quelque chose que je pense avoir perdu.
J’ai eu tout d’abord du mal à exprimer de quoi il s’agissait, j’ai même mis assez longtemps avant de me dire que quelque chose manquait.
C’est que les effets produits par cette perte sont difficiles à saisir.
Je ne saurais même pas dire à partir de quand cela a disparu.
Sûrement que le phénomène s’est déroulé lentement au fil des années.
Le sentiment que cela me manque survient lorsque j’envisage de faire une pause, et que je vois que je n’y parviens pas.
Je ne vois jamais vraiment sur le moment que je n’y parviens pas.
Parfois je renonce tout net dès le début à faire cette pause qui serait pourtant d’un grand secours pour ma tranquillité d’esprit.
Là où ce que je suis devenu est malin, c’est que je suis persuadé que le renoncement est bien fondé, et j’oublie aussitôt mon besoin.
Parfois j’y repense plus tard, et là je me rends compte que je n’ai pas réussi.
Mais là encore, aucune alarme ne sonne dans mon esprit, celui-ci étant trop occupé par sa routine et ses troubles obsessionnels.
Ce n’est que maintenant que je mets enfin concrètement le doigt dessus.
Je crois que ce qui a disparu c’est la capacité d’arrêter le temps, en tout cas de ne pas avoir la conscience de son inexorable mouvement vers l’avant.
Je me rends compte aujourd’hui que je deviens incapable de me concentrer sur l’écoute d’une musique que j’aime ou que je découvre, parfois de lire avec attention un livre s’il demande un peu de concentration.
Le plaisir est diminué, mon esprit étant perturbé sans cesse par des pensées parasites incontrôlables et parfois dérangeantes.
Autrefois j’avais une connaissance non parfaite, mais au moins très organisée, de mes possessions.
J’ai certes beaucoup plus d’œuvres disponibles maintenant qu’alors, mais j’ai l’impression qu’elles m’échappent.
Elles deviennent un brouillard dans mon esprit, une masse que je sais organisée d’un point de vue matériel, mais elle est un bruit de fond dans ma mémoire.
Je ne sais pas pourquoi j’ai perdu cela.
Je vois deux raisons possibles, peut-être en existe-t-il d’autres.
La première est l’âge ; les expériences et la mémoire encrées dans mon cerveau rendent difficile pour moi l’ajout de nouvelles connaissances.
La seconde est l’évolution de mon mode de vie ; ne faisant plus confiance à ma mémoire, j’organise et enregistre tout ce qui m’est important dans mes disques durs, et je prends peu le temps de vraiment faire attention à ce que j’ai pu ajouter récemment, me disant que j’ai d’autres choses à faire, ce qui est un mensonge dans lequel je me complais.
La profusion de choses nouvelles m’affole, et mon esprit se bloque lorsqu’il s’agit d’en ingurgiter une partie.
Je crois qu’avant j’avais l’impression d’un monde fermé, dont on pouvait atteindre les limites.
Je vois bien maintenant que c’est impossible, et l’abîme face à laquelle cela me place m’effraie.
Du coup j’ai l’impression d’une course en avant, pendant laquelle je ne parviens à attraper que peu d’éléments.
Je ne parviens que très rarement à freiner un peu, pratiquement jamais à revenir en arrière.
Je suis toujours poussé constamment dans un présent qui avance de plus en plus vite et j’ai les mains vides, alors qu’autrefois je pouvais être dans une bulle de temps à l’arrêt, maître de mon univers et possesseur d’œuvres que je maîtrisais.
J’étais stable alors, là je suis en déséquilibre.
La plupart du temps je l’ignore, comme le coureur ignore qu’il est constamment sur le point de chuter.
Cependant j’ai parfois, comme ici, conscience de cela, et la peur de ne pouvoir rien y faire.
J’ai la nostalgie du temps où j’en avais sans le savoir.

16 mai 2013

ŒUVRES CLASSIQUES

Il y a tant d’œuvres qui existent.
Qu’est-ce qui légitime celles qui, parmi toutes, sont des classiques ?
Elles dépendent de la culture dans laquelle on évolue.
Il y a quelque chose qui touche à l’arbitraire et au hasard.
L’influence que peuvent avoir certaines personnes sur un grand nombre d’autres permet de les créer.
Même si ce n’est pas la seule, cela est sans doute une condition sine qua none.
Il y a sûrement d’innombrables œuvres méritant d’être connues de tous qui sont restées inconnues ou même qui se sont perdues.

Je suis de plus en plus conscient de l’immensité croissante du nombre d’œuvres existantes, de l’impossibilité de les connaître toutes.
Une fois le constat dressé, il est alors légitime de se poser la question suivante : que choisir de découvrir, et comment choisir ?
Là aussi ce ne peut être qu’arbitraire et lié au hasard.

Pour s’intégrer à la société, la connaissance des classiques reconnus par les siens est nécessaire.
Si l’on souhaite pouvoir déceler des références à des classiques dans des œuvres plus tardives, il faut bien avoir connaissance de ces classiques.

Mais je me demande : est-il réellement nécessaire de faire référence à d’autres lorsque l’on crée ?
Certes, on ne crée pas à partir de rien, et il faut bien avoir absorbé de nombreuses choses pour pouvoir à son tour participer à la construction de l’Œuvre humaine.
Mais je trouve déraisonnable de créer une chose qui nécessite la connaissance d’éléments extérieurs pour être comprise.
Une œuvre qui se comprend sans le secours d’une autre touche à l’universel et me semble mériter davantage qu’on lui porte intérêt qu’une œuvre qui se construit sur de nombreuses autres antérieures.
De même, une œuvre qui est ancrée dans une période déterminée, si elle est intéressante pour qui connaît ou s’intéresse à cette période, ne touchera pas le cœur de qui n’a aucun moyen de comprendre cette période.

Faire le choix consistant à chercher par soi-même des œuvres de qualité qui ne soient pas des classiques revient à parcourir des chemins non balisés, dans lesquels on peut s’isoler mais qui apportent aussi beaucoup, qui aident à l’ouverture d’esprit et à la curiosité.
La difficulté est de pouvoir trouver des œuvres peu connues, de savoir comment les découvrir et où se les procurer.
Car c’est évidemment beaucoup plus difficile que pour les classiques reconnus, qui sont souvent cités et largement diffusés.

Je veux découvrir des idées réellement novatrices et non seulement recyclées.
Pour cela je cherche dans d’autres cultures, mais je me sens comme un aveugle tournant en rond dans un labyrinthe.
Ensuite je veux créer, non pas quelque chose qui ressemble à ce qui a déjà pu être créé, mais quelque chose qui me ressemble.
Je veux penser que dans ce qui me ressemble il y a une part qui touche à l’universel, même si j’ai conscience de ma singularité.
Il me faudra ouvrir ma propre voie, trouver ce qui me fait vibrer depuis le plus profond de mon être, puis trouver les mots pour le partager.

24 avril 2013

À PROPOS D’OPINIONS

Jusqu’à un certain âge que je situerais autour de vingt-six ans, je n’avais, à propos d’un très grand nombre de sujets voire de tous ceux liés à la société, aucune opinion.
Bien que souhaitant en avoir, j’étais malgré tout satisfait de ne pas en avoir qui soit dictée par mon entourage ou mon environnement.
Maintenant j’en ai davantage, nées pour des raisons que je n’ai pas explorées.
Je ne les listerai pas, ce n’est pas mon propos ici.
Certaines (toutes ?) me semblent très fermes.
Pourtant je ne suis pas certain de pouvoir les justifier par des arguments solides.
Je sais bien qu’elles sont tout à fait subjectives, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle pendant si longtemps je n’en ai pas eu.
Des opinions contraires peuvent être justifiables, elles dépendent du vécu et de l’environnement des personnes qui les émettent.
Je me suis ainsi longtemps demandé : Pourquoi avoir une opinion, puisque je comprends et accepte le plus souvent les arguments d’opinions divergentes ?
Et de quel droit m’approprier une opinion plutôt que son contraire ?
C’est pourquoi je me blâme parfois aujourd’hui d’avoir des opinions sans pouvoir argumenter suffisamment sérieusement sur certaines d’entre elles.
Ce n’est pas le cas pour toutes ; il y en a qui reposent sur des observations et des réflexions nées de la confrontation avec l’expérience.
Je me dis malgré tout que ces observations et réflexions n’ont rien de scientifique.
Je connais en effet le biais provenant du fait que l’on retient facilement ce qui confirme ce que l’on pense et que l’on ne prend pas en compte ce qui pourrait l’infirmer.
Autrement dit, je pense que mes opinions ne sont confortées que grâce au fait que je préfère ignorer ce qui pourrait m’inciter à revenir sur elles et éventuellement à les changer.

Lorsque je n’avais pas d’opinion, j’étais libéral dans le sens où j’acceptais les opinions des autres sans les trouver mauvaises pour la plupart.
Maintenant que j’ai des opinions, je me vois parfois virulent à les défendre ou même à essayer de les partager, cela m’effraie.
Heureusement je crois que je ne cherche pas à les imposer aux autres ; de toute façon je ne sais que trop qu’il est impossible de faire changer quelqu’un.
Mais je n’aime pas ma manière de penser que mon avis est le meilleur, et que les autres devraient avoir le même.
Il m’est arrivé de me fâcher avec quelqu’un à propos d’un sujet technique sur lequel je suis devenu particulièrement virulent.
Je crois toujours que mes arguments en faveur de mon opinion sont les bons et qu’il suffit de les entendre pour se ranger à mon avis.
Cependant j’ai le sentiment que mes interlocuteurs peuvent rester complètement sourds à mes arguments que je pense plus profonds que les leurs qui me semblent le plus souvent nés de vieilles habitudes.
En y réfléchissant, je me dis alors que l’inverse pourrait bien se produire : quelqu’un pourrait vouloir m’ouvrir les yeux à une opinion contraire à la mienne, et je pourrais rester sourd à des arguments extrêmement valables pouvant balayer les miens.

C’est pourquoi je pense qu’il faut toujours essayer de rester ouvert à toute opinion, essayer d’en saisir les raisons.
L’opinion personnelle ne doit naître qu’après mûre réflexion, et ne jamais être imposée par le premier venu, celui qui parle le plus fort ou en dernier.
Et l’opinion faite ne doit pas devenir l’occasion de vouloir l’imposer ; qui sait, elle pourrait bien changer avec le temps.

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12 mars 2011

DE L’USAGE DU SECOND DEGRÉ

Avez-vous déjà assisté en tant qu’observateur à une dispute entre deux personnes et vous êtes-vous demandé les raisons de cette dispute, et surtout de la mauvaise gestion de celle-ci par ses protagonistes ?
Il est fréquent de constater que les deux parties, y compris lorsqu’elles se connaissent très bien, ne parlent en fait pas le même langage.
Un mot mal compris par l’une, et la querelle démarre.
Et les deux s’entêtent à utiliser chacune ce mot sans se douter un instant que celui-ci n’a pas le même sens chez l’une que chez l’autre.
L’observateur, silencieux, assiste alors à ce qu’en théâtre on appelle le quiproquo, comprenant ce que veut dire l’une, et le trouvant fort juste, ainsi que ce que veut dire l’autre, qui est tout aussi juste, mais dans une interprétation différente des mots.
Le mal peut se propager assez vite, et la colère monter également rapidement entre les deux ignorantes de leur incompréhension mutuelle.
Le malheur est qu’il est rare de voir les protagonistes chercher à obtenir une définition commune du mot, du fait même qu’il ne traverse l’esprit d’aucun des deux que le vocabulaire utilisé par l’autre peut avoir un autre sens que celui se trouvant à cet instant précis chez l’une.

L’on assiste alors le plus souvent à un dialogue qui devient inconsistant.
À dire vrai, cela est valable de toute dispute, y compris d’une dispute ne provenant pas d’une incompréhension mutuelle.
Cette inconsistance provient évidemment du fait que l’esprit humain n’est absolument pas rationnel et que l’emportement entraîne une diminution d’une logique déjà toute relative.
Elle provient aussi de la faiblesse humaine de ne pas accepter facilement le tort que l’on peut avoir sur quelque sujet que ce soit qui tient à cœur.
Face à tout argument dont la raison permettrait de démontrer qu’il mène à une contradiction de nos propos et donc que nous avons fait une erreur, on peut avoir tendance à détourner brusquement, mais non sans subtilité, la discussion sur un terrain qui semble moins glissant.
Je parle de subtilité en ce sens que les deux parties acceptent implicitement ce changement dans le fil de la discussion, on pourrait même penser qu’aucune des deux ne se rend compte du glissement opéré.
Il n’est pas fréquent de voir demander de revenir au sujet initial, mais bien plus de voir se promener la dispute d’un sujet à un autre, éloignant les deux personnes d’un consensus sur le premier sujet.

Mais revenons au point évoqué au début de ce texte et tentons de l’expliquer.
Autrement dit, comment est-il possible que les mots puissent porter un sens différent ?
Évidemment, posée ainsi, la question peut recevoir une réponse évidente.
Il est en effet déjà visible dans tout dictionnaire que nombre de mots ont un ensemble définitions plus ou moins subtilement différentes les unes des autres.
Mais on peut se demander alors, dans une volonté d’approfondissement, s’il y a une raison à ce fait.
Mon opinion à ce propos, liée au sujet de ce texte et point important de son argumentaire, est la suivante.
En observant encore des personnes converser, en prêtant attention aux mots utilisés, on se rend compte d’une chose assez stupéfiante.

Il y a beaucoup de non-dits dans les conversations, ce qui présuppose de la part des interlocuteurs une connaissance externe à la discussion en cours, une culture commune.
Les non-dits ont une composante essentielle – mais non unique – dans un discours commun qui est ce que l’on appelle le second degré.
Cela implique le détournement de mots ayant un sens précis dans le but d’induire une pensée différente du sens initial à l’écoute de la phrase.
Toute personne étrangère culturellement à celle qui utilise du second degré se voit incapable de comprendre le sens qui est induit dans cette phrase détournée.
On pourrait penser qu’il n’est pas de même pour deux personnes très proches.
Or l’observation initiale signale en fait que cette affirmation est inexacte.

La raison que je propose est que l’utilisation du second degré est tellement généralisée que, bien qu’ayant pour but initial de simplifier les discussions en les raccourcissant, elle complexifie énormément le langage dans le sens où elle ajoute beaucoup de significations aux termes.
La difficulté est alors d’avoir la bonne interprétation des mots dans toutes les possibilités.
Or les non-dits, provenant du second degré ou tout simplement complètement non dits, se trouvent dans l’esprit même de la personne qui prononce ses mots et qui leur porte une intention, mais sont le plus souvent uniquement décryptés partiellement par les interlocuteurs.
Le locuteur croit tout dire, pense que le peu de mots qu’il utilise pour exprimer la complexité de sa pensée suffisent, mais ne laisse en vérité à l’auditeur que quelques indices permettant de décoder sa pensée.
Et parfois, la clé utilisée pour décoder cette pensée n’est pas la bonne.
C’est de là que partent les incompréhensions et conséquemment parfois les disputes qui n’ont pas lieu d’être.
Ces dernières formant peut-être malheureusement la plus grande partie des querelles.

Pour terminer, je recommanderais l’utilisation la plus large possible d’un langage dénué de second degré et plus généralement de non-dit pour éviter des conflits qui ne font de bien à personne.
Bien entendu, dans un cadre amical, détendu et apaisé, l'utilisation de ces artifices de langage peut être tout à fait délicieux.
Mais il me semble qu’en des lieux neutres, rassemblant tous types de personnes ne se connaissant pas nécessairement, ils font potentiellement trop de mal, inutilement.

15 janvier 2011

COCON

Avoir l'impression étrange d'être tout à la fois hors de la marche du temps mais intimement lié au monde.
Recevoir des signaux, musicaux, parfumés, mais comme à travers un filtre épais, derrière lequel tout est atténué et semble lointain, mais en même temps familier, amical.
La vision, elle, n'a plus d'importance, elle n'est que l'ombre d'une habitude et n'entraîne plus d'interprétation significative ; tout le reste est ignoré.
L'esprit se laisse porter par des pensées volatiles, se sent comme dans un cocon duquel il se tient prêt à l'éclosion, sans s'imaginer sous quelle forme ni même penser à la réalisation de cet événement.
Il y a ainsi quelque part une volonté de changement ; s'efforcer de se concentrer sur celle-ci.
L'image d'un animal se ramassant sur ses pattes avant de bondir se présente ; puis celle d'une tortue, évoluant à son rythme, se protégeant de son éternelle carapace.
Ces images sont des échos lointains d'une époque dont certains aspects ont perdu de leur éclat.
Il n'y a pas de nostalgie, mais seulement une volonté d'assimiler, pour le futur, une part endormie du passé au présent qui se montre fuyant.

14 janvier 2011

ASPIRATIONS

L'expérience accumulée ne fait que renforcer la connaissance d'un mode de vie subi et inadéquat. Elle ne permet pas d'imaginer un moyen d'appréhender une existence radicalement différente, en accord avec un idéal fantasmé mais néanmoins essentiellement ignoré.

Qu'est-ce qui nous attire, nous fait envie ? Parmi ces aspirations, n'y en a-t-il pas qui sont artificielles, dont une composante essentielle repose sur des valeurs concurrentielles ? Celles-ci sont génératrices de frustrations. Doit-on alors abandonner de tels objectifs lorsque les hostilités demeurent fortes ? Car les conserver c'est risquer l'amertume, conséquence de déceptions grandissantes. Jeter l'éponge c'est accepter son sort, insatisfaisant par le fait même d'avoir eu ces envies.

Le salut pourrait provenir de plusieurs sources. L'une serait l'oubli. Cependant celui-ci ne se commande pas et ne saurait être définitif. Une autre serait l'acceptation complète. Mais qui y croit ? Une autre enfin, qui peut-être englobe les précédentes, serait le recours à d'autres désirs, dont l'exaucement comblerait le vide laissé par l'abandon des premiers.

Y a-t-il de hauts désirs et de bas désirs ? Sans doute. Peut-on remplacer de hauts désirs par une multitude de bas désirs ? Peut-être pas sans qu'un dégoût de soi-même ne naisse. Autrement dit, mieux vaut chercher à substituer un but inatteignable par d'autres que l'on estime suffisamment, tels ceux qui sourdement jalonnent notre vie.

Mais comment donner à ceux-ci une existence concrète ? Certains nécessiteraient un changement tellement radical de notre être profond ! Pour d'autres, aucun modèle provenant de l'expérience personnelle ne nous permet d'en imaginer la concrétisation. Pourtant à certains égards ces désirs-là, tellement abstraits, peuvent paraître synonymes d'idéal.

Faut-il prendre le risque, en abandonnant une vie insatisfaisante bien que construite et stable, de tenter des choses inédites ? Cela pourrait mener à une situation dramatique, c'est bien là ce que la peur de l'inconnu nous fait sentir. Le changement est toujours source d'inquiétude, et plus celui-ci est potentiellement profond, plus l'appréhension est grande. C'est le frein majeur à toute mutation.

Peu nombreux sont ceux qui osent. Parmi ceux-ci, combien réussissent le changement et y trouvent une paix intérieure ? Que fait la grande majorité formée des autres ? Baisse-t-elle la tête, gardant en elle ses désirs inassouvis ? Cela la rend certainement bien malheureuse.

Je m'interroge : les frustrations sont-elles un frein ou un moteur de l'existence ? Le rêveur persistant qui ne voit jamais son rêve concrétisé est-il plus heureux que celui qui a appris à se contenter de ce qu'il a en éliminant le désir de sa vie ? Le premier doit bien parfois envisager qu'il rêve l'impossible, le second lui ne peut sans doute pas affirmer éliminer tout désir.

Le malheur est-il une composante nécessairement présente de la vie ? Sans doute. La question reste de savoir comment le réduire. Et quelque chose me dit qu'une bonne partie des outils connus pour le faire ne sont pas les meilleurs possibles car ils ont pour source une artificialité provenant de la construction humaine d'une société elle-même source de malheurs. Substituer un mal par un autre n'est certainement pas une bonne solution, pourtant c'est souvent cela que l'on peut observer, tout simplement parce que personne ne sait vraiment faire autrement. Les constructions humaines semblent beaucoup trop complexes et rigides pour permettre au plus grand nombre l'insouciance à laquelle on pourrait vouloir aspirer. Si la source de son malheur réside dans la condition humaine, l'homme ne pouvant s'en extraire se voit contraint de souffrir.

Qui n'a jamais rêvé de sortir de sa condition humaine, carcan lourd et omniprésent ? Qui y réussit de son vivant ?

13 janvier 2011

TOUS DES ACTEURS

Quelle est cette pression sociale qui pousse à montrer autre chose que soi !
Vous auriez l'audace de vous accepter tel que vous êtes ?
De ne pas créer de décalage entre votre médiocrité et ce que vous essayez de montrer de vous ?
Est-ce que les confesseurs modernes sont les seuls à recueillir des bouts de vérité !
Ou bien être acteur serait la seule posture qui existe en ce monde ?

12 janvier 2011

OUBLI ET SILENCE

Silence.
Oubli.
Une musique comme lointaine sur laquelle l'attention se porte d'abord se fait oublier comme sont ignorés les battements synonymes de vie dès que les sens sont stimulés ailleurs.
Tout s'oublie, ainsi tout revient.
La mémoire s'emplit et se vide continuellement.
On se doit de réinventer la roue pour se réconforter, confirmer notre vision du monde.
L'oubli, ce salut qui ne nous est pas accordé, est l'absence de conscience.
L'esprit est dans l'incapacité de saisir la complexité de toute chose, son œuvre simplificatrice trompe sans cesse même les plus avisés.
Il ne peut malgré tout pas s'empêcher de se créer une partition fluctuante sur laquelle serait basée la musique du monde.
En complexifiant la partition on rend impossible sa connaissance complète.
Par conséquent, des oublis impliquent que l'on fait renaître les fantômes qui ont pu autrefois nous hanter.
Ce que l'on ne veut plus revient malgré tout car, bien que l'on puisse s'en souvenir, on l'oublie.
Notre conscience est notre pire ennemie, notre mémoire défaillante sa meilleure alliée.
Sans elles, pas de peine, pas de remèdes inutiles.

11 janvier 2011

MICRONOUVELLE 04

Tu t'endors serein et ton sommeil est paisible.
Ton réveil n'en sera que plus brutal et déchirant.
Le rêve que l'on te vend ne peut plus durer.

10 janvier 2011

MICRONOUVELLE 03

Du rien, surgit l'événement faisant se déplacer la matière à grande vitesse vers l'inconnu.
Du tout, sûr j'imaginerais bien le ralentissement même du temps rendant tout synonyme de rien.
Entre temps, tellement négligeables, des poussières gigotent sur une plus grosse poussière.

9 janvier 2011

MICRONOUVELLE 02

Elle est entrée sans faire plus d'effet qu'une brise légère, puis s'est assise là toute la soirée.
Elle était là pour moi qui seul l'ai vue, si belle, mais si désespérée.
Sa tâche lui pesait, mais j'étais le suivant sur sa liste de tous ceux qui, ayant accédé à la vie, doivent lui en payer le prix.

8 janvier 2011

MICRONOUVELLE 01

La cliente du Dark Red s'installait toujours à l'ouest du mâle.
Les conséquences en furent par un jour sombre assez désastreuses :
Le nord ayant été perdu, les trois restants furent réorganisés et être à l'ouest devint alors pour elle synonyme d'isolement et d'obscure agonie.

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